Cantareira, Portugal.
Il y a les embarcations amarrées à quelques mètres du rivage, il y a la houle qui s’immisce dans l’embouchure du fleuve, l’océan au fond souvent trop gros pour ces frêles barques à moteur, il y a les filets, les coques davantage en état de prendre l’eau que la mer et les casiers à poulpes qui habillent le quai, aujourd’hui il y a la brume, illusion trompeuse d’un horizon pourtant limpide qui voudrait que la pêche soit industrielle ou ne soit pas, et puis il y a les hommes ici qui patientent, qui n’en finissent plus d’attendre et continuent de croire en une pêche artisanale, une pêche faisant encore sens pour un territoire et une communauté, il y a la volonté et la débrouille en attendant que le vent tourne, et toujours il y a les embruns qui s’envolent par-dessus la digue, les mouettes qui se prennent pour des goélands, les journées en suspens qui reviendront, il y a les histoires de lendemain pour ramander les heures et depuis quelques temps il n’y a pas de poisson.