Seconde ville du Portugal par sa taille, Porto est devenue en une décennie une des destinations touristiques européennes les plus attractives. Les liaisons aériennes low-cost se multiplient, plus de 25 nouvelles auberges de jeunesse ont ouverte entre 2008 et 2013 et les articles vantant le charme de la ville fleurissent dans les revues. Le titre de « meilleure destination touristique européenne 2017 », décerné pour la troisième fois en six ans par l’organisation European Consumers Choice, n’a fait que confirmer l’engouement général pour ce territoire séduisant.
Mais derrière les peintures lisses et consensuelles qui nourrissent les périodiques et la presse, derrière les façades colorées du quartier de la Ribeira et les passages obligés des parcours touristiques, Porto laisse entrevoir une toute autre réalité qui importe peu lorsqu’on ne fait que passer : la réalité d’y vivre au quotidien. Celle d’un Porto populaire miné par le bâti délabré et les logements à l’abandon, d’une ville où les commerces de proximité cèdent doucement la place aux centres commerciaux qui se juxtaposent. Celle encore, de pouvoirs publics qui jouent aujourd’hui la carte du « chic » et du « luxe » dans des projets de réhabilitation déconnectés des préoccupations de la majorité des habitants. La réalité d’une population qui observe chaque jour un peu plus le gouffre se creuser entre le territoire touristique et le territoire de l’habitant.
Ce récit, issu de cinq années à côtoyer cette réalité, offre un autre point de vue sur cette ville attrayante et en mutation. Rencontre avec ses paysages et espaces de « derrière », avec celles et ceux qui la font vivre au quotidien, s’y résignent ou au contraire continuent de croire à la construction d’un territoire à la mesure de leurs espoirs.